Étape 15 Mennetou-sur-Cher – Vierzon
J’ai installé ma tente entre le Cher et le canal du Berry, c’était très calme. Ce matin j’ai vu la brume se lever sur l’eau au moment où le soleil se pointe. C’est très beau de voir la nature s’éveiller. Les oiseaux chantent, au loin le tintement d’une cloche sonne l’Angelus de 7h.
Après avoir plié ma tente très humide extérieurement , j’organise mon petit déjeuner. Je chauffe l’eau pour mon thé sur mon réchaud et je prépare mon pain, faute de beurre, j’ai utilisé au début de la « vache qui rit » mais dans le thé ce n’est pas très bon. Je préfère mettre des amandes dans mon pain, le goût est meilleur et m’apporte plus de calories.
Je reprends ma marche entre le canal et le Cher, la brume forme une couche blanche sur l’eau. Le Cher s’écarte et laisse place à des bois. Devant moi une martre ou une fouine traverse le chemin. Elle n’est pas grosse avec sa fourrure sombre et une longue queue, elle s’enfonce dans les bois. Plus loin un petit marcassin surgit du talus et file dans un champ. C’est vrai que c’est le matin que l’on peut voir des animaux.
Toujours le même paysage sur le bord du canal, des ponts et deux ou trois écluses ponctuent cette monotonie. Celle-ci offre la possibilité de bien réfléchir en marchant sans s’inquiéter où on mes les pieds, ni de la direction à prendre. Il suffit de suivre le cours d’eau!
Ce canal a délimité la ligne de démarcation entre 1940 et 1943, plusieurs panneaux fournissent des explications
En marchant, je prends conscience que je n’ai plus d’informations de ce qui se déroulent en France et dans le monde. Je n’ai pas écouté la radio depuis mon départ, j’ai fermé les réseaux sociaux qui me donnaient des infos, ni ouvert un journal, j’ai juste vu un jour un gros titre avec la photo de Belmondo, j’en ai déduit qu’il devait être mort pour faire la une d’un quotidien national. Le manque d’informations ne me dérange pas, au contraire je trouve cela apaisant, pas de propos politiques, pas d’intervention anxiogène sur le covid19, plus de nouvelles des guerres dans le monde, pas de donneés économiques…. Aucun bruit sur les futures élections. Le silence médiatique…
Je me rends compte que cet afflux d’informations au quotidien n’a qu’un seul objectif : nous occuper l’esprit, nous empêcher de penser en nous bourrant d’informations pour lesquelles nous ne pouvons pas agir, tel la guerre en Afghanistan, l’épidémie d’Ebola etc… de même pour les faits divers qui nous sont jetés à la figure pour développer nos peurs et maintenir notre stress que nous tentons d’apaiser en consommant sans réfléchir. J’avoue, je me sens indifférent à ce monde de mauvaises nouvelles que l’on me propose au quotidien ou l’on trie pour moi ce que je dois savoir sans opinion. Par contre je me sens complètement concerné par l’univers que je traverse, ces villages, ces forêts, cette nature, le bonjour des gens… une vie quotidienne sans stress, à échelle humaine et qui privilégie les relations simples mais vraies.
J’arrive dans Vierzon, une ville … comment encore apprécier la ville quand vous marchez en pleine nature. La circulation me fatigue déjà, les gens courent, ici vous redevenez anonyme: plus de bonjour. Quel décalage, j’ai hâte de passer cette ville et les autres…